« Pas de boue, pas de lotus ! » écrit Thich Nhat Hanh
Cette métaphore traditionnelle du Lotus émergeant de l’eau boueuse est d’une puissance énorme : la délicatesse de cette merveilleuse fleur nait de la boue !
Ici Thich Nhat Hanh rappelle que sans obscurité il n’y a pas de lumière, sans profondeur pas d’élévation !
Sur cette terre nous expérimentons la dualité et les oppositions même si notre unité est notre véritable nature absolue.
Pourtant dans un premier mouvement, on cherche toujours à s’extraire du « mal », de la « souffrance » et à éviter les « épreuves » c’est humain…
Cependant force est de constater que l’humanité trouve sa plénitude enracinée elle aussi, comme le lotus, les pieds dans la boue !
Dans le développement personnel, on ne cesse de parler de bien être et de bonheur sauf que, ces états tant recherchés de plénitude ne peuvent être obtenus qu’à la suite d’une descente symbolique dans nos parts d’ombre, dans tout ce dont nous ne sommes pas glorieux et qui nous fait tant souffrir.
Il semblerait que notre monde fonctionne par principe d’inversion : plus nous trouvons d’enracinement dans les difficultés, et de courage à affronter les épreuves, plus belle et intense sera notre Libération !
Ce fut en tout cas mon expérience, la quête spirituelle a été jalonnée de face à face avec moi même dans une plongée permanente dans tout ce que nous dénonçons chez soi et les autres : la colère, l’injustice, la perversion, la jalousie, la convoitise, la peur, la couardise… tout ce que nous qualifions de boue et de négativité.
Pas de boue, pas d’éveil !
Assez paradoxalement, c’est dans la descente qu’on trouve l’Amour de qui nous sommes, pas dans les désirs d’ascension ni de sublimation ou de transcendance du réel qui ne sont en fait que des stratégies de fuites spirituelles.
Dans une compréhension et un amour inconditionnels, le miracle du pardon et de l’acceptation s’accomplit.
Alors le lâcher prise tant recherché se produit, c’est le désarmement qui est goûté, fin de la quête, fin de l’illusion d’être ailleurs que les pieds dans la boue et la tête dans les étoiles.
Merci Thich Nhat Hanh pour tout ce que tu nous a transmis.
Marie Josée Haber
